Rime Sabbar
Red and green
(Prix révélation , Rencontres photo de Tanger- Face à la mer)
La série Red and green dépeint l’immense fierté et la joie que le peuple marocain a ressenties lors de la Coupe du monde 2022, lorsque l’équipe nationale, « Les Lions de l’Atlas », a remporté remporté plusieurs matchs. Avant le début de la Coupe du monde, tout le monde espérait le meilleur et priait pour de bons résultats. À chaque victoire, les gens devenaient fous. L’atmosphère dans les rues était électrique, avec un sentiment galvanisant d’unité nationale et de soutien à l’équipe. Personne n’aurait pu s’intéresser à autre chose qu’à l’équipe nationale et ce moment historique. Un instant de bonheur partagé qui transcende les différences individuelles. Des gens de tous âges sont descendus dans les rues, portants des maillots de l’équipe marocaine, des drapeaux marocains aux couleurs rouge et vert vibrantes dominaient les rues. C’est ce que j’appelle l’extase collective. Mais finalement, ce que j’ai souhaité évoquer avec ce sujet est quelque chose d’universel. Avec mon petit appareil photo, je surfais dans la foule, tentant de capturer les instants qui s’effacent, menacés par l’injustice du temps.
Je me souviens avoir été attristée par le fait que l’enchantement et la magie prenaient fin au fil des heures. J’aime beaucoup le football. J’ai grandi dans un foyer et une ville qui s’intéressaient de près au football et suivaient tous les matchs des championnats espagnol et anglais. Mon père me racontait toujours des histoires sur la Coupe du monde de 1986 et des souvenirs de sa jeunesse, lorsque l’équipe nationale avait remporté la Coupe d’Afrique des Nations de 1976. À l’époque, comme tout le monde, j’avais de grands espoirs et je croyais que nous pourrions gagner la Coupe du monde 2022. L’équipe nationale a fini par perdre le match contre la France à la suite d’une série de malchances, brisant ainsi le rêve de chacun de ramener la coupe à la maison. Les gens étaient sous le coup de l’émotion, et moi aussi, rien d’autre qu’une foule de cadavres ambulants qui arpentaient les rues pour rentrer chez eux. Lorsqu’il a été décidé que le Maroc jouerait un match amical contre le Brésil, la boucle a été bouclée. Après que les Lions de l’Atlas ont terminé à la quatrième place mondiale lors de la Coupe du monde 2022, il s’agissait de leur premier match au pays. Ce soir-là, les gens avaient besoin de se ressourcer après la Coupe du monde : un match dans le stade Ibn Battuta et la possibilité de voir l’équipe à quelques mètres d’eux. Les Marocains sont venus de partout pour assister au match, ce qui a fait que les billets se sont vendus en une minute. Les Lions de l’Atlas ont de nouveau gagné ce soir-là, déclenchant des célébrations qui se sont poursuivies jusqu’à l’aube.
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« Je suis Rime, jeune photographe documentaire basée à Tanger, au Maroc. J’ai 22 ans. Poussée par une profonde curiosité et appréciation de l’expérience humaine, je crois que la photographie est ma façon de capturer ce qui ne peut être raconté, ces moments significatifs qui s’estompent et qui sont mis en danger par la fragilité de ma mémoire. J’ai d’abord compté sur l’écriture pour m’exprimer. C’était ma seule façon d’aborder le monde qui m’entoure. Avec le temps, j’ai découvert que l’écriture ne pourrait jamais surpasser le pouvoir d’une simple photographie. Autodidacte, mon travail se concentre sur l’exploration des émotions humaines.