Laurence Kourcia

Breakers

(Agence Hans Lucas) 



En 2019, j’ai débuté une série photographique sur le breakdance.

Captivée par la jeunesse et cette discipline, j’ai voulu savoir quel statut avait le break chez les jeunes à l’heure où cette danse venue de la rue fait son entrée aux Jeux olympiques.

Dans ce travail, j’ai souhaité mettre en lumière les vecteurs de cohésion sociale et d’intégration que sont l’art et le sport. La passion de la danse concourt à la mixité sociale et au vivre ensemble par des actes. Le break véhicule des notions de solidarité, de respect, d’effort, de dépassement de soi qui propulse les jeunes vers des valeurs positives et d’estime de soi.

Je suis allée à la rencontre d’Aniss, breaker de 19 ans au moment où j’ai débuté ce travail, qui à force de détermination et de rigueur a fédéré les jeunes du quartier et a fondé à Montreuil l’un des plus jeunes Crew* de France.

J’ai été particulièrement touchée par Campanita Bgirl, reconnue aujourd’hui, qui a grandi dans les bidonvilles du Vénézuéla et qui par sa volonté de fer s’est hissée au statut de sportive de haut niveau. Engagée en faveur de l’égalité des genres, elle a fondé le site « Entre Bgirls** » pour instaurer le dialogue et la solidarité entre danseuses du monde entier dans ce milieu très masculin où les femmes ont du mal à se faire une place. Parmi les raisons, l’essence même de cette danse et la difficile affirmation du corps de la femme dans certains milieux culturels.

De fil en aiguille, j’ai rencontré d’autres Crews et danseurs qui m’ont également permis de partager leur vie. Des salles de sport aux sous-sols underground, des Battles aux échauffements dans le salon familial, de discussions anodines aux confidences intimes, j’ai approché quelques instants de grâce de cette jeunesse à l’énergie redoutable

.

* Équipe ; gang. (Art urbain) Collectif.

** https://www.numeridanse.tv/videotheque-danse/bgirls-0


----


Originaire de Nice, Laurence Kourcia se lance dans la photographie par le biais du portrait et commence par photographier des comédiens et des gens du spectacle. En 1989, les révolutions se propagent dans les pays de l’est, elle accompagne alors Pharmacien sans Frontière en Roumanie et réalise son premier reportage. En rentrant, elle s’installe à Paris et participe à une formation de photojournalisme suite à laquelle elle intégrera la prestigieuse agence de presse RAPHO.

Elle s’oriente alors vers un travail personnel humaniste par lequel elle traite de sujets de société au long cours de manière intimiste. Elle explore les questions d’identité, d’origine, de différence et réalise notamment des reportages sur les communautés en France, l’adolescence, les agriculteurs, la banlieue, l’autisme…

Elle collabore avec la presse magazine nationale et internationale, répond à de grandes commandes corporate
 (Ministère de l’Agriculture, EDF, groupe SCIC) et participe régulièrement à des expositions. En 2008, elle fait une parenthèse photographique et co-fonde la galerie photo Jour et Nuit. En 2017, elle décide de retrouver sa vie de photographe et rejoint l’agence Hans Lucas. Elle réalise de nouveaux reportages et travaille sur la valorisation de ses archives. Entre 2018 et 2023, elle expose à Photodoc Paris, Ground Control, au Festival d’Alençon, à la galerie Taylor, à Marseille et Arles dans le cadre du prix Paca du Photojournalisme. Sa série Origine Séfarade a été éditée sous forme de Zine par Revers Edition.